Genève, Suisse, 12 septembre 2018 – Le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) publie aujourd’hui les dernières estimations du fardeau mondial du cancer. La base de données GLOBOCAN 2018, accessible en ligne dans le cadre de l’Observatoire mondial du cancer du CIRC, fournit des estimations de l’incidence et de la mortalité dans 185 pays et pour 36 types de cancer et pour tous les sites de cancer combinés. Une analyse de ces résultats, publiée aujourd’hui dans CA: A Cancer Journal for Clinicians, met en évidence la grande hétérogénéité géographique de l’incidence du cancer et les variations de l’ampleur et du profil de la maladie entre et à l’intérieur même des différentes régions du monde.

Fardeau mondial du cancer
On estime que le fardeau mondial du cancer a aujourd’hui atteint 18,1 millions de nouveaux cas et 9,6 millions de décès en 2018. Un homme sur cinq et une femme sur six dans le monde développeront un cancer au cours de leur vie, et un homme sur huit et une femme sur 11 meurent de cette maladie. A l’échelle mondiale, le nombre total de personnes vivant avec un cancer dans les cinq ans suivant le diagnostic, appelé prévalence à cinq ans, est estimé à 43,8 millions.

L’augmentation du fardeau du cancer est due à plusieurs facteurs, notamment la croissance démographique et le vieillissement, ainsi qu’à l’évolution de la prévalence de certaines causes de cancer associées au développement social et économique. Cela est particulièrement vrai dans les économies à croissance rapide, où l’on observe une évolution des cancers liés à la pauvreté et aux infections vers des cancers associés aux modes de vie plus typiques des pays industrialisés.

L’efficacité des efforts de prévention peut en partie expliquer la diminution observée des taux d’incidence de certains cancers, comme le cancer du poumon (par exemple chez les hommes en Europe du Nord et en Amérique du Nord) et le cancer du col utérin (dans la plupart des régions autres que l’Afrique subsaharienne). Cependant, les nouvelles données montrent que la plupart des pays sont toujours confrontés à une augmentation du nombre absolu de cas diagnostiqués et nécessitant traitement et soins.

Les tendances mondiales montrent que pour les hommes et les femmes combinés, près de la moitié des nouveaux cas et plus de la moitié des décès par cancer dans le monde en 2018 surviennent en Asie –en partie parce que la région concentre près de 60 % de la population mondiale.

L’Europe concentre 23,4 % du total des cas de cancer dans le monde et 20,3 % des décès dus au cancer, alors qu’elle ne représente que 9,0 % de la population mondiale. Les Amériques comptent 13,3 % de la population mondiale mais concentrent 21,0 % de l’incidence et 14,4 % de la mortalité dans le monde. Contrairement aux autres régions du monde, les proportions de décès par cancer en Asie et en Afrique (57,3 % et 7,3 %, respectivement) sont plus élevées que les proportions de cas d’incidence (48,4 % et 5,8 %, respectivement), car ces régions enregistrent d’une part une fréquence plus élevée de certains types de cancer associés à un pronostic plus défavorable et, d’autre part, des taux de mortalité eux aussi plus élevés, en plus d’un accès limité aux services diagnostiques et aux traitements opportuns dans de nombreux pays.

Principaux types de cancer en 2018
Les cancers du poumon, du sein chez la femme et du côlon-rectum sont les trois principaux types de cancer en termes d’incidence et se classent parmi les cinq premiers en termes de mortalité (premier, cinquième et deuxième, respectivement). Pris ensemble, ces trois types de cancer sont responsables d’un tiers de l’incidence du cancer et de la mortalité dans le monde.

Les cancers du poumon, et du sein chez la femme, sont les principaux cancers dans le monde en termes de nombre de nouveaux cas : on estime à environ 2,1 millions le nombre de diagnostics de chacun de ces cancers en 2018, qui représentent environ 11,6 % du fardeau total de l’incidence du cancer. Le cancer colorectal (1,8 million de cas, soit 10,2 % du total) est le troisième cancer le plus fréquemment diagnostiqué, suivi par le cancer de la prostate (1,3 million de cas, 7,1 % du total), le cancer de l’estomac arrivant en cinquième position (1,0 million de cas, soit 5,7 % du total).

Le cancer du poumon est aussi responsable du plus grand nombre de décès (1,8 million de décès, ou 18,4 % du total), en raison de son mauvais pronostic dans le monde, suivi du cancer colorectal (881 000 décès, soit 9,2 % du total), du cancer de l’estomac (783 000 décès, 8,2 %) et du cancer du foie (782 000 décès, ou 8,2 % du total). Le cancer du sein chez la femme vient au cinquième rang des causes de décès (627 000 décès, ou 6,6 % du total), son pronostic étant relativement favorable, du moins dans les pays développés.

Tendances mondiales en fonction du niveau de développement humain
Pour de nombreux cancers, les taux d’incidence globaux dans les pays à IDH élevé ou très élevé sont généralement 2 à 3 fois plus élevés que dans les pays à IDH faible ou moyen. Cependant, les différences des taux de mortalité entre ces deux catégories de pays sont moins importantes, d’une part parce que les pays à IDH plus faible présentent une fréquence plus élevée de certains types de cancers associés à une moins bonne survie et, d’autre part, parce que l’accès à un diagnostic opportun et à un traitement efficace y est moins fréquent. Pour les hommes, le cancer du poumon vient en tête et le cancer de la prostate en deuxième place dans les pays développés comme dans les pays en développement. Chez les femmes, les taux d’incidence du cancer du sein dépassent de loin ceux des autres cancers, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, suivis du cancer colorectal dans les pays développés et du cancer du col utérin dans les pays en développement.

Tendances mondiales du cancer par sexe
Le cancer du poumon est le cancer le plus fréquemment diagnostiqué chez les hommes (14,5 % du total chez les hommes et 8,4 % chez les femmes) et la principale cause de décès par cancer chez les hommes (22,0 %, soit environ un décès sur cinq), suivi pour l’incidence par le cancer de la prostate (13,5 %) et le cancer colorectal (10,9 %) chez les hommes et, pour la mortalité, par le cancer du foie (10,2 %) et le cancer de l’estomac (9,5 %). Le cancer du sein est le cancer le plus souvent diagnostiqué chez les femmes (24,2 %, soit environ un sur quatre des nouveaux cas de cancer diagnostiqués chez les femmes dans le monde) et ce cancer est le plus fréquent dans 154 des 185 pays couverts par GLOBOCAN 2018. Le cancer du sein est également la principale cause de décès par cancer chez les femmes (15,0 %), suivi par le cancer du poumon (13,8 %) et le cancer colorectal (9,5 %), qui sont également les troisième et deuxième types de cancer les plus fréquents chez elles, respectivement. Le cancer du col de l’utérus se classe quant à lui au quatrième rang pour l’incidence (6,6 %) et la mortalité (7,5 %).

Augmentation préoccupante du cancer du poumon chez les femmes
Le cancer du poumon est l’une des principales causes de décès chez les hommes comme chez les femmes et constitue la principale cause de décès par cancer chez les femmes dans 28 pays. C’est en Amérique du Nord, en Europe du Nord et de l’Ouest (notamment au Danemark et aux Pays-Bas), en Chine, en Australie et en Nouvelle-Zélande que l’on observe les taux d’incidence les plus élevés chez les femmes, la Hongrie venant en tête de liste.

“Les mesures prises dans le cadre des meilleures pratiques de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac ont permis de faire baisser le tabagisme actif et de prévenir l’exposition involontaire à la fumée de tabac dans de nombreux pays”, déclare le Dr Freddie Bray, Chef de la Section Surveillance du cancer au CIRC. “Toutefois, l’épidémie de tabagisme variant entre les différentes régions du monde comme entre les hommes et les femmes, nos résultats soulignent la nécessité de continuer à mettre en place des politiques de lutte antitabac efficaces et ciblées dans tous les pays du monde.”

“Ces nouveaux chiffres montrent qu’il reste beaucoup à faire pour répondre à l’augmentation alarmante du fardeau mondial du cancer et que la prévention doit y jouer un rôle clé”, selon le Dr Christopher Wild, Directeur du CIRC. “Des politiques efficaces de prévention et de détection précoce doivent être mises en oeuvre de toute urgence pour compléter les traitements pour lutter contre cette maladie dévastatrice à travers le monde.”